Les membres de la LTDH victimes d’une violence inacceptable

Publié le par kurt cobain

Les membres de la LTDH victimes d’une violence inacceptable à l’occasion de la tenue de leur congrès

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), exprime sa plus vive consternation à l’égard de la violence inacceptable dont ont été victimes les membres de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) à l’occasion du congrès de l’organisation, qui, de fait, n’a pu avoir lieu.

Le 27 mai 2006, au matin de l’ouverture prévue du 6ème congrès de la LTDH - dont la tenue reste interdite par les autorités - les principales ville de Tunisie abritant des sections locales de l’organisation ont été assiégées par d’impressionnants déploiements des forces de police, visant à empêcher les membres de Bizerte, Gafsa, Jendouba, Monastir etc. de rejoindre Tunis, tandis que de nombreux barrages policiers bloquaient les rues de la capitale menant au siège de la LTDH. Ainsi, dans toutes les villes où existe une représentation de la LTDH, la police a usé des mêmes stratagèmes pour bloquer les membres des sections de l’organisation : les véhicules des ces derniers ont été arrêtés, puis immobilisés, tandis que les policiers contrôlaient les papiers d’identité des passagers, avant de leur ordonner de rebrousser chemin.

De plus, des dizaines de membres de la LTDH qui tentaient de rejoindre le siège de la ligue ont été victimes de graves violences verbales ou physiques répétées, à l’instar de Mmes Khedija Cherif, Héla Abdeljaoued et Samia Abbou, toutes trois frappées et insultées par les forces de l’ordre. D’autres défenseurs des droits de l’Homme ou représentants d’institutions internationales, invités par la LTDH à assister au congrès, ont également été brutalisés et empêchés d’accéder aux locaux de la ligue. Parmi ces personnes se trouvaient notamment Mme Hélène Flautre, présidente de la Sous-commission des droits de l’Homme du Parlement européen, et M. Abdelhamid Amine, président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

Par ailleurs, Mme Souhayr Belhassen, vice-présidente de la LTDH, a été giflée et insultée par des policiers en civil qui ont arrêté son véhicule, alors qu’elle raccompagnait plusieurs observateurs internationaux à leur hôtel. Elle reste en outre, depuis quelques jours, l’objet d’actes de harcèlement insupportables : elle est ainsi constamment suivie par des policiers en civil, y compris lors de visites à ses proches à leurs domiciles ou à l’hôpital.

Enfin, plusieurs quotidiens locaux ou nationaux proches du pouvoir, à l’exemple du Temps, Echourouk ou Assabah, ont publiés des communiqués de presse émanant de présidents auto-proclamés de sections fictives de la LTDH, non reconnues par l’organisation, et dont la teneur visait à calomnier et menacer les membres de l’organisation.

L’Observatoire rappelle que la LTDH fait face à une quarantaine de poursuites judiciaires depuis cinq ans, toutes intentées par les autorités ou par des personnes proches du pouvoir (Cf. rapport annuel 2005 de l’Observatoire). Les dernières poursuites en date, toujours pendantes, visent notamment à obtenir l’annulation du congrès de l’organisation jusqu’à une date indéterminée, ainsi que de tous les travaux préparatoires afférents à ce congrès.

L’Observatoire demande instamment aux plus hautes autorités tunisiennes de mettre un terme immédiat à toute forme de violence physique et/ou psychologique à l’encontre des militants des droits de l’Homme tunisiens. Plus généralement, l’Observatoire appelle les autorités tunisiennes à garantir, en toutes circonstances, les libertés d’association et de réunion, prévues par les instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie, ainsi que de se conformer à la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, en particulier son article 1 qui dispose que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international », ainsi que son article 12.2 qui prévoit que « L’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne [...] de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente déclaration ».
Contact presse : FIDH : Gaël Grilhot : +33 1 43 55 25 18 OMCT : Eric Sottas : +41 22 809 49 39

Publié dans tunisie

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