Morts suspectes dans les locaux de la police

Publié le par kurt cobain

Conseil National pour les Libertés en Tunisie

Morts suspectes dans les locaux de la police 

Tunis le 13 janvier 2007

Après que les services de sécurité aient procédé, les 12 et 13 janvier 2007, à la remise de dépouilles de citoyens décédés dans des circonstances troubles à leurs familles, le Conseil des libertés exprime ses plus vives préoccupations quant au recours, par ces services, à un usage massif de la torture.

Ses craintes concernent plus précisément le sort de plusieurs dizaines de jeunes enlevés par les services de sécurité en marge des affrontements armés qui se sont déroulés les 23 décembre 2006 et 3 janvier 2007, et détenus au secret depuis lors.

 En effet, la dépouille de Hassenine Aifa (26 ans) a été enterrée ce matin 13 janvier à 5 heures. Sa famille - qui n’a pas été autorisée à procéder elle même aux funérailles - a été invitée par la police de Sousse sud à venir reconnaître le défunt au cimetière où un important dispositif policier entourait la tombe ; Les membres de la famille ont pu voir leur fils dont le corps, recousu verticalement, sur tout le corps semble avoir subi une autopsie. Et ils ont pu constater des traces de traumatismes sur ses jambes. Hassenine Aifa avait disparu depuis un mois et demi dans des conditions obscures et sa famille n’a plus de ses nouvelles.

 Par ailleurs, A Sidi Bouzid, le père de Magdi Omri a été invité également à accompagner la police pour la mise sous terre de son fils ce matin à l’aube au cimetière de Lassouda (à 8 km de Sidi Bouzid); Mais il découvrit que le cadavre qu’ils lui avaient présenté n’était pas celui de son fils ; on fit venir le reste de la famille pour procéder à la reconnaissance et tous ont confirmé que ce cadavre n’était pas celui de Magdi Omri. La famille avait constaté des traces d’oedèmes et que le crâne du cadavre était défoncé. Le corps était également recousu sur toute sa longueur. Il est à noter que le frère de Magdi, Hachemi Omri est toujours maintenu en détention par la police, qui l’avait arrêté à son domicile, en guise d’otage, pour obliger son frère Magdi, alors recherché, à se rendre. Il est à noter que le juge d’instruction a refusé d’ordonner sa libération. Le CNLT

·1 Considère comme hautement suspectes les conditions d’opacité et de précipitation dans lesquelles la police fait procéder aux enterrements. Elles sont révélatrices du fait que les services de police ont commis des violations graves qu’ils cherchent à cacher.

 ·2 Estime que la détention au secret de citoyens enlevés, tout comme le dépassement des délais légaux de garde à vue, pour ceux que la police reconnait détenir, constituent un risque grave pour l’intégrité physique des personnes qui y sont soumises

. ·3 Exige l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur les graves violations des procédures légales dont se sont rendus coupables les services de sécurité à l’occasion des rafles des dernières semaines et pour déterminer la cause réelle de la mort de Ms Aifa et Omri et sanctionner les coupables des atteintes.

Pour le Conseil
La porte parole
Sihem Bensedrine

Publié dans tunisie

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