Pathétique - Liberté Chérie

Publié le par kurt cobain

 Pathétique

Liberté Chérie

Parmi les maux dont souffre l’humanité il y a celui de la « luxure » version tunisienne « Tokhma » ou l’excès qui devient contre productif. C’est un signe qu’il faudrait ajouter aux autres signes avant coureur du déclin d’un régime impopulaire. Le SMSI fini et le régime semble se lancer dans une compagne d’auto-persuasion visant à se convaincre et à se rassurer que tout va bien dans les meilleurs des mondes. « historique, grandiose, excellent, extraordinaire, unique, etc » sont quelques uns des qualificatifs que le régime utilise encore aujourd’hui pour s’auto-congratuler ou peut être s’auto-flageler. A cette diarrhée verbale s’ajoute les nombreux témoignages et les télégrammes de félicitation provenant des fins font d’une association fantoche au fin fond de notre pauvre pays. En somme rien de nouveau sous le soleil de la propagande officielle qui croit en criant aussi fort, la population va forcément l’entendre et s’en convaincre des vertus de ce régime et de ce qu’il entreprend.

Mais les Tunisiens comme tout être humain quand il est gêné par une nuisance, un vacarme ils se bouchent les oreilles et vaquent à leur préoccupations quotidiennes à la recherche de quoi nourrir leurs enfants et joindre les deux bouts. Mais le pathétique dans tout cela est encore une fois mis en scène par la TV7 et son journal dont le format n’a jamais varié depuis 50 ans.

Lundi 12 décembre 20h13 après une dissertation des plus insipides et des plus stériles sur les qualités humaines du régime et sur son immense respect des droits de l’homme, et dans un glissement des plus primaires dans le pathos en association les droits de l’homme aux enfants ainsi que les handicapés (manipulation démagogique de bas étage), après le nième doctorat décerné au chef de l’Etat, voilà que surgit de l’écran le pathétique dans toute sa splendeur : des témoignages d’enfants représentant du parlement mondial des enfants.

Cela mérite qu’on s’y attarde un instant pour examiner aussi bien le fond que la forme de cette manipulation somme toute anodine. Commençons par la forme. Il s’agit dans l’ordre d’une fille et d’un garçon. La fille avec un accent plutôt oriental, entre 13 et 15 ans débitant un discours extrêmement huilé et fluide, fixant la caméra et serrant bien les bras contre ses flans. Dans l’arrière plan, une piscine et des parasols indiquant qu’il s’agit bien d’un palace de la banlieue nord de Tunis. L’autre témoins est un garçon du type asiatique (Inde, Pakistan,…) s’exprimant en anglais en se tenant de biais, l’air impressionné, un blouson rouge trop grand lui tombe sur l’épaule et surtout un regard interloqué se demandant pourquoi on lui pose des questions ? Toujours le même hall d’hôtel et le même arrière plan. Après les témoignages du Président soudanais repassés à la télévision pendant deux semaines, celui de quelques autres illustres inconnus voilà que le régime racle les fonds de tiroir pour nous livrer le témoignage éclairant de deux enfants qui n’ont visiblement rien demandé.

Quant au fond et c’est là où réside le pathétique, ces pauvres enfants sont amenés à dire que Ben Ali est le meilleur défenseur des droits des enfants, que la Tunisie est un merveilleux pays, que tout est fait pour protéger les enfants etc, le tout après un montage studio bien orienté. Maintenant pourquoi le régime puise t-il en ses fonds de tiroir et cherche t-il désespérément des témoignages d’où qu’ils viennent. Deux éléments de réponses. Le premiers est relatifs aux thuriféraires du régime qui se doivent de fournir quotidiennement et surtout à l’occasion des commémorations des témoignages de toutes sortes et de quelque origine que se soit pour montrer qu’ils travaillent. Les ambassadeurs vont jusqu’à payer des journaux et des journalistes sans scrupules pour qu’ils écrivent quelques lignes flatteurs, c’est d’ailleurs la spécialité de quelques journalistes russes et de quelques pseudo-journalistes italiens payés rubis sur l’ongle ou alors en séjours de thalasso dans les palaces de la côte tunisienne. A défaut, ses mêmes ambassadeurs cherchent à trouver des associations aussi célèbres que celle des pêcheurs à la mouche de la haute Marne pour décerner des diplômes, des prix ou des reconnaissances et ainsi espérer pérenniser leurs statuts et préserver leurs postes.
A l’intérieur du pays, les colonnes de la « presse » ne se vident pas de noms d’associations et de groupement qui envoient des remerciements, des reconnaissances, des louanges et toutes sorte de satisfecit. On sort du placard, les représentants de « l’opposition » de décor pour qu’ils louent les initiatives et les directives et les orientations et les… du chef de l’Etat. Quand tout cet arsenal est épuisé la machine de propagande ne peut se permettre de tomber en panne au risque de coûter à quelques têtes leurs places, il faut alors racler le fond des tiroirs et livrer au peuple Tunisien une démonstration des plus pathétiques d’un régime en déliquescence. Deux enfants innocents, ne réalisant pas pourquoi en leur pose des questions de ce genre et surtout quelle usage ils vont en faire sont exhibés, instrumentalisés à des fins de propagande de bas étage, qui manque d’imagination et de dignité. Ce sont des signes qui ne trompent pas sur un régime à bout de souffle et à court d’imagination face à un peuple gavé par tant d’année de discours mensongers et de soupe à la propagande qu’il ne peut plus digérer et s’en détourne en attendant que le vent tourne et emporte avec lui les mauvaises graines.

La deuxième raison est d’ordre politique. Pour un régime qui a fondé sa « légitimité » sur le mensonge il est impératif de maintenir la cadence car il sait qu’une fois le rideau levé le prince sera nu et le château de carte s’effondrerait de lui-même. Alors qu’importe le combustible pourvu que la machine propagandiste tourne à plein régime. L’autre raison est relative au timing. C’est maintenant et plus que jamais que le régime a besoin de propagande et « d’ordre » pour pouvoir mener à bien ses projets de « succo-continuité ». Il faut plus de bruit que les petites voix de la vérité qui se sont rendues audibles ses derniers temps. On criant plus fort en poussant la machine à son paroxysme le régime espère étouffer ses voix dissonantes mettre un cache misère pour mieux aveugler les Tunisiens. Le drame pour le régime c’est que le peuple a fini par regarder au-delà du masque, par reconnaître qui se cache derrière Tartuffe.
Les jours sont désormais comptés.

Liberté Chérie
tunisie source
www.tunezine.com

Publié dans tunisie

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