En gérant sa durée au pouvoir, sa fortune, sa sécurité ,Ben ali est encore plus fort qu'un chef de la mafia

Publié le par kurt cobain

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En gérant sa durée au pouvoir, sa fortune, sa sécurité ,Ben ali est encore plus fort qu'un chef de la mafia

Il n'arrête plus de s'illustrer. Il avait déjà la réputation d'être un putschiste, un policier et un dictateur. Sa carte de visite vient de s'enrichir d'un nouveau titre de gloire. Il est désormais connu comme un corrompu notoire. A vrai dire, ce ne serait une découverte que pour les myopes et les aliénès, pas pour les tunisiens ni la presse internationale et toutes les chancelleries présentes à Tunis.

Ce que l'on sait moins en revanche, c'est la structure mafieuse de la famille qui a fait main basse sur la Tunisie. En effet, les ben ali et les trabelsi n'ont rien à envier aux plus célèbres familles de la Cosa Nostra et de la Camora. Cette affirmation n'est pas qu'une simple vue de l'esprit. Comme toute organisation mafieuse, le clan ben ali-trabelsi contrôle les marchés et les activités où l'argent est abondant, circule en numéraire (argent liquide) et est facile à dissimuler au fisc. Comme toute organisation mafieuse, elle a réussi à instiller la peur au sein de toute une population qui en a ras-le-bol, mais n'ose pas l'exprimer publiquement de crainte de se faire tuer. C'est le règne de l'omerta imposé à 10 millions d'individus. Les hommes politiques se réclamant de l'opposition en sont la parfaite illustration. Eux ne craignent pas de se faire buter, ce n'est plus de saison. Mais de les détruire professionnellement, socialement, et psychologiquement, Ils ne sont pas à l'abri des représailles du genre pour ne citer que les plus récents :

-         3 ans et demi de bagne pour Me Abbou ;

-         vol de voiture de Mme Neila Cherchour Hachicha ;

-         chantage par montage et truquage des films et photos pornographiques à l’encontre de Me Jallali et de la fille de Mme NCH ;

-         photos en caricature de Me Echebbi ;

-         campagnes de presse diffamatoires et d’appels publics au lynchage des opposants « traîtres à la Tunisie » ;

-         Last but non least ; le cambriolage de la voiture de Me A. Ayadi en plein jour et devant les passants et surtout devant le Palais de la justice.

On m'objectera qu'il n'est pas sérieux de comparer un chef de l'Etat à un parrain sicilien, dont la discrétion est la règle, même s'il lui arrive de recourir quelques fois à des méthodes brutales pour imposer sa loi. Malheureusement si. Le président ben ali est un véritable parrain qui distribue des prébendes et veille scrupuleusement sur les siens. L'argent de la corruption généré par l'exploitation des ressources naturelles du pays (pétrole, bois, diamants, etc.) joue, pour lui et sa famille, le même rôle déterminant dans la constitution primitive du capital que celui, pour les mafieux, du trafic de la drogue, de la contrebande des cigarettes, des paris clandestins et autres activités illicites. L'une des raisons de son retour sanglant au pouvoir ne sont pas à chercher ailleurs.

Le clan ben ali-trabelsi a beaucoup appris de la mafia. Ils sont modernes. Ils investissent en masse dans la téléphonie mobile, l'hôtellerie haut de gamme, le transport, la banque, l'immobilier, la communication, le transport aérien, les matériaux de construction. Officiellement, le clan ben ali-trabesi n'est propriétaire d'aucune entreprise. Mais ses descendants, ses proches parents, ses gendres, ses fidèles serviteurs sont présents partout, sans compter les hommes de paille plus ou moins discrets, bénéficiaires quasi exclusifs des marchés publics.

Seule différence notable avec un chef de famille de la Cosa Nostra obligé de travailler en toute discrétion, le clan ben ali-trabelsi n'a rien à craindre. L'ordre c'est lui. L'armée, la police et la justice sont à sa disposition pour renforcer sa mise en coupe réglée de tout un pays. Le rêve quoi.

En véritable capo di tutti capi, le chef des chefs (mafieux), il nomme les adjoints que sont, dans l'ordre, les officiers généraux et supérieurs, les ministres cobra, les ministres fidèles serviteurs, les députés lèche cul tels que les Mellouli . Il ne sait rien refuser à ces hommes d'honneur chargés de récolter le produit du racket et qui contribuent à renforcer le pillage institutionnalisé du pays. En échange, une impunité totale leur est garantie pour services rendus. Les plus entreprenants héritent de véritables fiefs et de rentes. En Tunisie, le gouvernement est une fiction. Les ministres ne servent à rien (à part s'enrichir personnellement, ce qui n'est déjà pas si mal). Ils sont tous doublés par un membre du clan qui décide à la place du ministre. Tout est géré par le conseil familial. Exactement comme chez les Carleonesi.

Crimes contre l'humanité, vols, détournements de fonds publics, corruption, rackets, chantages, rien ne les arrête, rien ne les fait peur. Dans un pays normal, quelques uns d'entre eux seraient déjà au trou. Mais pas en Tunisie où ce qui reste de l'Etat se confond avec les intérêts familiaux du dictateur corrompu.

Le pire pour ce pays, c'est que si l'éviction de ben ali du pouvoir est un préalable à tout espoir de changement, son départ ne réglera pas du jour au lendemain tous les dégâts qu'il aura causés pendant son interminable règne. Le changement réel exigera des efforts constants pendant plusieurs années pour remettre au travail une société entièrement gangrenée par la corruption. Je souhaite bien du plaisir aux prétendants à sa succession.

Mais en attendant, je propose ici aux valeureux victimes du harcèlement et des actions insidieuses et lâches entreprise par Mohamed Ali Ganzoui ; quelques règles simples de conduite pour ériger contre ces manœuvres déstabilisatrices une sorte de bouclier protecteur (« Le chien aboie, la caravane passe. »), seul moyen efficace, à mon humble avis, pour survivre intact au cœur du harcèlement. Quelle plus grande victoire que celle d’arriver à bloquer cette tentative de destruction jour après jour renouvelée ?

Il s’agit maintenant pour nos valeureux victimes harcelés, connus et anonymes, de trouver le moyen de retourner la vapeur. De provoquer, par leur résistance à toute tentative de déstabilisation, un dérèglement de la machine répressive et harcelante.

En attendant deux voies de lutte s’ouvrent face à ce fléau :

- la multiplication des risques pour les auteurs de harcèlement.

- la résistance inébranlable de la personne harcelée, risquant d’amener le harceleur à un constat d’échec qui le force à l’abandon comme ce fût le cas dans les années 90 lorsque ce …(le dénommé Mohamed Ali Ganzoui)  remplissait les mêmes fonctions et utilisait les mêmes vicieuses méthodes.

Ce sera dur, bien sûr, mais qu’importe la lâcheté des uns et des autres quand on est dans son droit.

Tunis le 28 mars 2006

(Reçu de Tunis par e-mail le 28 mars 2006)

Source : tunisnews

Publié dans tunisie

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