Le cycle de la répression post-affrontements

Publié le par kurt cobain

Vérité-Action
Tunisie:
Le cycle de la répression post-affrontements

Depuis la fin du mois de décembre 2006, la Tunisie vit des événements tragiques. Il s’agit des confrontations armées entre les forces de l’ordre et un groupe que le gouvernement a finalement accusé d’être de la mouvance "salafiste".

Dix jours après les deuxièmes affrontements survenus le 3 janvier qui ont opposé un groupe de jeunes armés aux forces de l’ordre et après le déploiement de l’armée dans la région de Slimane au sud de Tunis, les informations qui ont filtré ne permettent pas d’avoir une idée claire de ce qui s’est passé exactement. Le bilan annoncé est 12 morts du côté du groupe armé et un mort du côté des forces de l’ordre. Le ministre de l’intérieur a aussi annoncé l’arrestation d’une quinzaine de personnes appartenant à ce groupe. A noter qu’aucune liste officielle des morts ni des arrestations n’a été publiée.

Après ces évènements, des arrestations arbitraires de jeunes gens (y compris des jeunes filles), ont eu lieu dans différentes régions tunisiennes allant de Kebili au sud jusqu’à Bizerte au Nord, passant par Sfax, Sidi Bouzid et évidemment la région de Slimane, Hammam Chatt, Hammam Lif où ont eu lieu les accrochages du 23 décembre et celles du 3 janvier. Le chiffre annoncé de 15 arrestations est en tout cas loin de la réalité. Nos sources en Tunisie indiquent l’arrestation de dizaines de jeunes pratiquants la religion à travers le pays.

La gravité des faits, quel que soit le groupe impliqué, met le gouvernement tunisien devant sa responsabilité d’informer l’opinion publique de toute la vérité sur ces affrontements armés. Il n’est pas acceptable que le pays connaisse des combats dans lesquels des RBG ont été utilisés dans une zone résidentielle et que le gouvernement se taise laissant courir toutes sortes de rumeurs.

D’un autre côté, des faits relatés par l’AISPP, le CNLT, l’ALTT et d’autres ONG de défense des droits de l’homme font état de maltraitance envers les jeunes arrêtés. Dans la ville de Slimane, des fouilles et des descentes policières ont été effectués semant la terreur parmi la population. Des enterrements se font, également, dans la discrétion totale sans que l’on puisse savoir s’il s’agit de personnes décédées lors des fusillades ou sous la tor ture après leur arrestation. Les cas de Majdi El Omri et Hassanine El Ifa prouvent le traitement cruel réservé à toute personne soupçonnée de près ou de loin d’avoir un lien avec ces événements.

Vérité-Action, notant la gravité de ce qui s’est passé,

1- appelle les autorités tunisiennes à ouvrir un dialogue avec toutes les composantes de la société civile tunisienne, pour prévenir une dérive qui sera préjudiciable à tout le peuple tunisien.

2- prévient le gouvernement qu’il se serve de ces évènements tragiques pour justifier la pratique de la tor ture et les arrestations arbitraires, voire la terreur illégale des populations.

3- exige le respect de la loi et de la dignité humaine des personnes interrogées, de leurs familles et proches lors des enquêtes et des interrogatoires.

4- rappelle qu’une loi d’amnistie générale est plus que nécessaire aujourd’hui pour mettre fin à ce cycle de la répression systématique

Fribourg, le 15.01.2007
Pour Vérité-Action
Safwa Aïssa, Présidente

Publié dans tunisie

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