«La Suisse ne doit pas oublier la Tunisie»

Publié le par kurt cobain

Les ONG suisses impliquées dans le sommet de Tunis veulent maintenir la pression sur le régime tunisien. Un objectif qui sera soutenu au sein du parlement suisse.
 
Le ministère suisse des affaires étrangères assure de son coté qu'il poursuivra son dialogue sur la question des droits de l'homme avec les autorités tunisiennes.
Durant la 2e phase du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), les autorités tunisiennes ont fini par très légèrement desserrer l'étau qui enserre les militants des droits de l'homme et les opposants politiques tunisiens.

Une petite manifestation hostile au régime a même pu se tenir dans les rues de Tunis. Cette légère brise de liberté a pu brièvement souffler, suite – notamment - aux pressions de la société civile internationale engagée dans le SMSI, dont Communica-ch, la plateforme des ONG suisses pour la société de l'information.

Maintenant que la Tunisie n'est plus sous les feux de la rampe, ces ONG craignent que la société civile tunisienne indépendante subisse les foudres de l'appareil sécuritaire tunisien.

«Nous avons une responsabilité morale à l'égard de nos partenaires tunisiens», souligne Yves Steiner, du comité exécutif de la section suisse d'Amnesty international.

Raison pour laquelle l'ONG de défense des droits humains envisage de lancer un programme de soutien et de défense des militants des droits de l'homme en Tunisie.

«Nous allons également suivre de près la situation sur le terrain, ajoute Yves Steiner qui est également membre de Communica-ch. Des menaces continuent de peser en particulier sur la Ligue tunisienne des droits de l'homme et sur l'Association des magistrats tunisiens.»
 
Mission de surveillance
 
Pour mener cette action, Amnesty international compte sur l'engagement de parlementaires suisses. «Il serait légitime d'envoyer en Tunisie une commission chargée d'enquêter sur la situation des droits de l'homme», précise Yves Steiner.

Une idée également défendue par Carlo Sommaruga, député socialiste au Conseil national, la chambre du peuple du parlement suisse. «Cette commission pourrait être mise sur pied dans le cadre du Conseil de l'Europe», ajoute le député genevois.

Avant d'affirmer: «Une chose est sûre: il faut maintenir la pression sur le régime tunisien afin de protéger les militants des droits humains.»

Pour ce faire, Carlo Sommaruga compte sur le soutien du gouvernement suisse. «Il faut que le discours du président de la Confédération en faveur des libertés publiques en Tunisie (prononcé lors de l'ouverture du SMSI) soit suivi par des actions concrètes», estime le député genevois.

De son coté, le ministère suisse des affaires étrangères (DFAE) assure qu'il n'entend pas laisser tomber le dossier des droits de l'homme en Tunisie. «Dans le cadre de nos relations bilatérales, nous allons poursuivre le dialogue sur cette question», précise Jean-Philippe Jeannnerat, porte-parole du DFAE.
 
Les limites du dialogue
 
Reste que cette démarche laisse sceptique Carlo Sommaruga. «Il faut bien prendre acte que ce dialogue n'a pas porté ces fruits», estime le parlementaire socialiste.

Le conseiller national juge également que c'est la pression continue des ONG suisses sur le gouvernement qui a poussé le président de la Confédération à tenir des propos courageux à Tunis.

Un avis que n'est pas loin de partager Yves Steiner. «En réalité, le dialogue entre Berne et Tunis sur cette question est quasiment au point mort depuis août 2004, suite au refus des Tunisiens de signer un document diplomatique mentionnant la question des droits humains», ajoute le représentant d'Amnesty international.

«Effectivement, le dialogue est devenu plus difficile depuis lors, reconnaît Jean-Philippe Jeannerat. Raison pour laquelle la Suisse s'est exprimée publiquement et à plusieurs reprises sur ce thème et a reçu des opposants tunisiens.»

«Les droits humains sont au cœur de la politique extérieure de la Suisse. Et pour les défendre, elle cherche toujours le moyen le plus efficace. Cela passe parfois par une prise de position publique», ajoute-t-il.

Mais Jean-Philippe Jeannerat reste convaincu que l'option du dialogue finit par porter ses fruits, même si cela peut prendre du temps. Et de citer l'exemple de la Chine, de l'Iran et du Vietnam avec qui la Suisse a réussit à institutionnaliser des discussions régulières sur la situation des droits de l'homme.

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Publié dans tunisie

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